Ce festival 2022 des musiques sacrées de reprise, nous a permis d'assister à des manifestations de grande qualité, hélas sous une canicule précoce.
On peut cependant regretter que l’artiste tibétain Loten Namling, réfugié politique en Suisse, ait vu son nom retiré de la liste des invités de la manifestation culturelle marocaine.
« Les organisateurs m’ont dit qu’ils avaient eu une très forte pression du gouvernement chinois pour ne plus m’inviter. Ce festival était si important pour moi ! J’étais très heureux d’y participer » explique l'artiste.
Loten Namling est réfugié politique en Suisse : chanteur et joueur de luth tibétain (le dranyen), il avait été invité pour le spectacle d’ouverture du festival. L’ambassade de Chine au Maroc serait intervenue auprès du ministère des affaires étrangères du royaume pour que le musicien n’obtienne pas de visa.
En juillet 2021, le musicien s’était lancé dans un tour d’Europe en bus avec une performance artistique appelée Une chanson du Tibet pour vous. Fin janvier, à quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, il avait relié Berne à Lausanne (où se trouve le siège du Comité international olympique), chaussé de skis siglés « Liberté » et en traînant un drapeau chinois derrière lui pour alerter l’opinion sur le sort réservé aux Tibétains. De quoi irriter le pouvoir chinois. Et faire oublier qu’en 1996 le cinéaste Martin Scorsese avait pu faire venir au Maroc un demi-millier d’acteurs tibétains pour tourner Kundun, un film sur le dalaï-lama, à Ouarzazate. « Le monde entier commence à céder aux pressions et aux caprices des Chinois », regrette Thupten Gyatso, député du Parlement tibétain en exil en France.
« Je chante pour parler du Tibet et pour la liberté, commente M. Namling. Comme artiste, c’est une grande occasion perdue que de ne pouvoir me produire sur cette scène. »
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